Extrait du Livre Les Parseval et leurs Alliances – 1900 – Frédéric de Parseval
1 – Le nom
Dans l’histoire de l’Occident les noms commencèrent à devenir héréditaires aux alentours du 11 ème siècle, et plus particulièrement en France sous Philippe-Auguste, à la fin du 12 ème siècle. Auparavant, c’était le nom de baptême qui était utilisé joint à celui du père (ex. Alexandre de Philippe). Les noms héréditaires s’établirent de très diverses manières : noms de saints ; noms d’évènements (ex. « le Roi » d’un concours ou d’une fête) ; noms de pays (ex. Le Breton), régions ou terres possédées ; noms de charges, fonctions ou métiers (ex. Boyer = bouvier) ; noms tirés des qualités ou mérites (ex. Le Fort) ; noms d’animaux (ex. Goupil, Lalouette) ou de plantes (ex. Bruère). Pour mieux distinguer les individus on y ajouta aussi des surnoms, selon l’usage dans l’Empire romain, (l’aîné, le jeune, le court, etc.)
En ce qui les concerne les noms Parseval, Parceval, Perceval, Perseval, Percevaux, Parcevaux ne font qu’un. En effet, pendant longtemps, les différences d’orthographe n’ont pas eu l’importance que leur a accordé le monde moderne ; ainsi une charte de 1275 utilise indifféremment pour la même personne Perceval et Percevaux. S’il a un sens, celui-ci n’est pas très clair : il pourrait dire « qui passe à travers le val » (val et vault indiquent un vallon ; perce veut dire percer (parcer en bourguigon). A titre anecdotique selon Wagner, le compositeur allemand, Parsifal serait issu du sanscrit parsi (simple) et fal (pur)…
Dans son étude approfondie du sujet, Frédéric de Parseval opte résolument pour le prénom comme origine du nom, en s’appuyant sur son ancienneté d’utilisation, le plus connu étant le chevalier de la Table Ronde, sous ses formes Perceval, Parceval ou encore Parsifal selon les textes. On trouve entre autres : Perceval de Caigny, auteur d’une chronique d’Alençon de 1227 à 1248, Perseval de Vauvillers, trésorier du comte de Bourgogne en 1354, Perceval de Pointeville du baillage d’Evreux en 1372, deux membres de la famille Doria des doges de Gênes, l’un prénommé Parceval et l’autre Perceval !
2 – La particule
Contrairement à une idée assez répandue, la particule « de » n’est en rien l’apanage de la noblesse, son usage ayant des origines très diverses. A l’origine, ce furent les seigneurs féodaux qui prirent le nom de leur fief (ex. Archambaud [seigneur] de Bourbon) mais aucune loi n’interdisait aux non-nobles de faire de même (ex. Pierre [propriétaire ou natif] du Moulin) et bien des cultivateurs ou artisans en avaient l’usage. De fait, une particule devant un nom ne constitue aucune preuve de noblesse, tout comme son absence n’exclut pas cette attribution. Tout au plus il y a présomption, beaucoup de familles nobles la portant.
Concernant les Parseval, le nom officiel a été sans particule jusque vers la fin du 18 ème siècle, comme l’attestent les actes d’état-civil, les brevets, les titres de nomination. A partir de 1775, les actes portent fréquemment la particule, comme cela est intervenu « par l’usage » pour beaucoup de familles dont les membres étaient réputées honorables. « Là où les anglais parlaient de « gentleman », les français disaient « honnête homme » et lui ont associé souvent à cette époque une particule dans le langage et les écrits, comme un effet de mode. Mais son importance était loin d’avoir les proportions qu’on lui a données au 19 ème siècle. On employait la particule, on la supprimait sans que cela porta à conséquence ; beaucoup de grands seigneurs ne la portaient pas ; des bourgeois vivants noblement, après l’avoir prise, la laissaient tomber en désuétude pour la reprendre à la génération suivante. » (Ouvrage de M de Ribbe, Une famille du 16 ème siècle).
Les archives familiales montrent la cohabitation de documents officiels sans particule et de correspondances privées l’y intégrant. Pour sa part, Alexandre XII de Parseval (1655-1718), président de l’Élection du Perche, n’était d’aucune noblesse héréditaire mais sa famille occupait depuis plusieurs générations une certaine situation sociale due aux fonctions tenues, à l’estime et à la réputation reconnues. En ce qui le concerne, la modification du patronyme n’a aucun rapport avec l’anoblissement des différentes branches de la famille.
3. Noblesse et armoiries
Dans la monarchie ancienne, la noblesse n’était pas une caste exclusive et fermée mais une classe de familles placées aux premiers rangs de la société, classe dans laquelle tout français pouvait arriver à se faire admettre. La plus ancienne a été la noblesse chevaleresque transmise depuis des temps immémoriaux à un millier de personnes avant 1400. Pour sa part, la noblesse de grâce souveraine a concerné environ 5 000 noms délivrés au fil des siècles en reconnaissance des services exceptionnels rendus dans la carrière des armes, la magistrature, la finance, l’industrie, les sciences et les arts. Enfin, la noblesse acquise (les trois quarts de l’aristocratie) a correspondu à des fonctions (ou charges) selon des modalités définitivement établies par un premier édit de Henri IV en 1600 puis par d’autres tout au long du 18 ème siècle (militaires, magistrats, parlementaires, conseillers provinciaux, bourgeois de Paris, prévôts, consuls, prud’hommes, maires, échevins, etc.) Acquise à titre personnel, elle n’était héréditaire que sous conditions, comme celle d’exercer certaines fonctions sur trois générations consécutives. Sous l’ancienne monarchie, ces charges publiques s’achetaient, ce dont les cabinets d’avocats, de notaires ou de médecins peuvent nous donner encore aujourd’hui une idée. Il s’agissait là en quelque sorte d’un dépôt de cautionnement alimentant les caisses de l’État. En tout état de cause, cela n’était possible qu’à la condition que le postulant ait les capacités, qualités, connaissances et réputation à la hauteur de la fonction.
Cette « noblesse acquise » concerne deux branches de notre famille et toutes deux au titre de Secrétaires du Roi. Pour être plus précis, la famille de Parseval s’est, au fil de trois siècles, divisée en trois branches : aînée, puînée et cadette. Au cours du 17 ème siècle, certains de leurs membres avaient acquis des titres de noblesse à titre personnel, sans qu’ils deviennent pour autant héréditaires. Au début du 18 ème siècle, seule a survécu la branche puînée (dont sont issus les Parseval d’aujourd’hui), elle-même subdivisée :
- La branche de La Brosse, de noblesse héréditaire depuis 1721 obtenue par grâce souveraine par Pierre, Mestre de Camp de Dragons ; branche éteinte en 1822 ;
- La branche de la Chevallerie (avec deux « l »), de noblesse héréditaire en 1751 par Philbert de Parseval, Secrétaire du Roi, charge transmise par son père Pierre ; elle a donné les rameaux de Chevilly, de Frileuse, de Senlis, de Munich, de Nymphenbourg, militaire, provençal, parisien ;
- La branche de Glatigny, branche éteinte au début du 19 ème siècle sans avoir été anoblie :
- La branche des Chesnes, anoblie en 1764 par l’office de Secrétaire du Roi tenue par Alexandre de Parseval.
Pour ce qui concerne les armoiries, leur usage a été aussi large que celui de la particule, dépassant même, depuis l’ancien régime, largement le cadre de la seule noblesse. La plus ancienne trace d’armoiries Parseval retrouvée date d’un Armorial de 1696 (recensement) mais leur image définitive « d’Argent à un pal de sable chargé de trois étoiles du champ » daterait du début du 18 ème siècle et figure sous la signature d’Alexandre de Parseval, Président de l’Élection du Perche. Quant au timbre (i.e. La couronne de marquis) il est arbitraire car il n’existait pas de règle sur ce point comme sur les autres accessoires des armoiries. Ce choix esthétique initial est resté de tradition dans la famille.
Enfin, il ne semble pas que les membres de la famille aient porté officiellement un quelconque titre (baron, comte, marquis) autre que celui de Monsieur, tout du moins Frédéric de Parseval n’en fait pas mention dans son livre. Ceci s’expliquerait simplement par le fait que la noblesse n’avait en l’occurrence pas été conférée en raison de possessions de terres mais par des charges acquises. Il est possible que l’histoire mouvementée du 19 ème siècle (1 er Empire, Restauration, Second Empire), très marquée par le romantisme de la culture et des comportements, ait déteint sur certains usages nous concernant tout comme la société de cette époque. Lors de ses travaux menés dans les années 1930, Henri de Parseval a cherché à distinguer son « rameau » pour clarifier l’arbre généalogique d’une famille Parseval fort nombreuse ; pour ce faire, il a choisi de relever le nom de Foudras porté par sa grand-mère mais éteint faute de descendance mâle. La famille de Foudras est en effet l’une des plus anciennes maisons féodales ; possessionnée dans le Forez, elle a donné notamment cinq chevaliers croisés, un évêque de Poitiers, un conseiller des rois Louis XI et Charles VIII, un amiral de France sous François 1 er et bien d’autres notables après. Si l’on s’en tient à cet héritage non officialisé et donc purement privé, le titre que peut porter le descendant direct de cette branche de la famille serait « Monsieur de Parseval, marquis de Foudras ». Pour le reste, ce ne sont que conjectures.
4. Origines de la famille
Les premières traces trouvées des ancêtres certains de notre famille sont les actes de naissance des enfants d’Alexandre Parseval et de Catherine Barré sur les registres paroissiaux de Châteaudun à partir de 1594. Il n’y a en revanche aucune certitude sur leur lien avec des personnages plus anciennement mentionnés comme Jehan Perceval possédant la baronnie de Tilchastel en 1319, messire Parceval propriétaire de terres à Couloigne au 14 ème siècle, Aymont Parceval vivant en 1358, Jehan Parcheval vivant à Roumoy en 1405, Pierre Perceval écuyer breton dans les années 1410, Alain Parceval homme d’armes des ordonnances du roi Louis XI dans le baillage de Caux en 1462, Aymon Parceval, huissier du roi en la Cour des Aides en 1485, Jehan Parceval seigneur de Luceray en 1497, Mathias Perceval trésorier général du domaine d’Amboise en 1681, Louis Parceval capitaine au régiment de Barville en 1708. Aucun lien prouvé n’existe également avec une famille Parceval, bourgeois de Paris depuis 1577 et ayant vécu pendant près de deux cents ans dans la capitale. Le port maintes fois répétés au cours des générations de certains prénoms, comme Alexandre (vingt fois !) ou Pierre, a généré naturellement des confusions, des erreurs et des problèmes quasiment insolubles. Frédéric de Parseval conclut en 1900 : « On ne sait rien de certain sur nos ancêtres antérieurement à la dernière période du 16 ème siècle. Notre premier auteur authentique connu est Alexandre Parseval marié à Catherine Barré qui vivaient à Châteaudun en 1594. Il se peut que l’élévation de notre famille dans la classe des notables ne date que de lui, ou lui soit un peu antérieure. Il se peut aussi que notre famille ait occupé, un ou plusieurs siècles avant lui une situation plus importante, momentanément déchue pour se relever peu à peu à la fin du 16 ème siècle. Nous n’en savons rien ; mais ceux de nos ancêtres connus paraissent avoir été de très honnêtes gens, estimés et considérés de leurs contemporains et, par cela seul, leur souvenir mérite d’être pieusement conservés par nous… »
5. Destinées peu communes
Certains ancêtres méritent une mention à des titres variés, comme on peut en juger :
- Les fermiers généraux comme Pierre de Parseval (1658-1728) et son fils Philbert (1696-1766), ce dernier sujet avec sa femme et leurs cinq enfants d’un grand tableau de Guillaume Voiriot portraitiste célèbre en son temps, acheté aux enchères par des Américains en 1995. Ils sont cités dans l’ouvrage de A. Delahante Une famille de finance au XVIIIe siècle.
- Alexandre (1758-1794) et Charles-René (1759-1794) tous deux fils de Pierre guillotinés lors des massacres de septembre (figurent sur un tableau de Müller L’appel des condamnés) ; la lettre d’adieu très émouvante de Charles-René à sa femme ainsi que des témoignages intéressants sur la période révolutionnaire sont dans les archives de famille.
- Alexandre-André Parseval(1753-1839), chargé de mission par le Directoire pour mettre en dépôt à la Banque de Berlin le diamant Le Régent (136 carats) de l’ex- trésor royal, au titre de gage d’un prêt (lettre de mission en archive de famille).
- Marc-Antoine de Parseval des Chênes (1755-1836), savant, mathématicien et géographe, co-auteur du théorème de Parseval-Bessel portant sur le calcul intégral.
- Alexandre-Ferdinand de Parseval des Chênes (1790-1860), dernier Amiral de France (dignité de Maréchal pour les marins) ; pris part à de nombreux combats en mer, de Trafalgar à Bomarsund (1854) où, comme commandant la 3ème Escadre, il prit victorieusement ce port balte ; préfet maritime de Toulon, commandant en chef de l’escadre de la Méditerranée ; sénateur et président du Conseil des travaux maritimes. Illustre en son temps et réputé pour sa modestie, il est enterré au cimetière du Père Lachaise sous une tombe simplement marquée AP.
- François-Auguste de Parseval-Grandmaison (1759-1834), peintre élève de David et poète, choisi par Bonaparte pour accompagner la campagne d’Egypte (1798), membre de l’Académie française en 1811, échangea avec Alfred de Vigny, Lamartine, etc…
- Philippe Boyer (1802 – 1858), Baron d’Empire, chirurgien en chef de l’Hôtel-Dieu, père de Madeleine Boyer épouse de Frédéric de Parseval (1861-1935) ; il était lui-même fils du Baron Alexis Boyer (1757-1833), premier Chirurgien de l’Empereur Napoléon I et des rois Louis XVIII, Charles X et Louis- Philippe, chirurgien de la Charité de Paris, membre de l’Académie des sciences. (Quelques souvenirs- de famille en la possession d’Étienne, de Bénédicte et Camille).
- Théodore de Foudras (1800-1872), père d’Adélaïde femme de Camille de Parseval ; écrivain français célèbre pour ces romans cynégétiques, témoignages de premier ordre sur la chasse au XIX° siècle (Les gentilshommes chasseurs, les veillées de Saint-Hubert, etc.)
- Fernand de Parseval (1840-1909), Saint-cyrien, colonel d’infanterie, guerre de 1870, brillante carrière militaire ; de 1887 à 1894 gouverneur du duc d’Orléans, fils du comte de Paris ; catholique et royaliste très engagé en cette fin de siècle politiquement agitée.
- Frédéric de Parseval (1861 – 1935), entrepris le premier des travaux complets sur la généalogie familiale.
- Henri Louis Pie de Parseval (1874-1930), École navale, Amiral, campagnes de Madagascar, Oubangi-Chari, Tchad ; en 1904, mission remarquable d’exploration en remontant le fleuve Chari avec une canonnière démontable (sujet d’un récit fort intéressant).